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Un jour en Haïti
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20 avril 2011

Ah les jolies colonies de vacances...

Couché 22h, réveillé 6h.

Alors que j'arrive dans la grande salle de l'orphelinat, je croise Soeur Flora qui me dit qu'elle a trouvé Cash (le chien) enfermé dans mon bureau en se levant. La veille, alors que j'essayais sans succès de me connecter au net pour vous envoyer ce message, il a du rentrer sans que j'y fasse attention et oublier de sortir. Pas bien malin celui-là ! Il avait commencé à gratter furieusement le bas de la porte qui restera le souvenir d'une "Nuit de Chien". Je profite de mon réveil matinal pour aller assister à la messe du matin qui se déroule dans la chapelle de l'orphelinat cette semaine comme nous avons les 5 Frères et un prêtre avec nous. En si petit comité, cela me faisait penser à une scène du film « Des Hommes et des Dieux" avec une ambiance très solennelle et religieuse à la fois. Je ne comprend pas tout puisque c'est en créole mais comme les évangiles sont les mêmes et que je les connais pas coeur (rires), j'arrive à me réperer et à comprendre que l'on parle de Pierre et de la fois où il a renié Jésus par 3 fois...

Après la difficulté que nous avions eu de partir seulement entre nous dimanche dernier, nous avions imaginé profiter de cette semaine de vacances pour repartir avec tous les jeunes pour se baigner... La veille, nous avons donc écrit sur un papier, la liste des jeunes qui partiront avec nous : ceux des Cayes ainsi que les 5 plus grands de l'orphelinat qui ont entre 12 et 14 ans. Nous sommes donc 32 a embarquer sur le bateau pour partir sur une plage un peu avant Abaka Bay. Le voyage a vraiment des airs de vacances, les jeunes sont heureux de quitter l'orphelinat et chacun l'exprime à sa façon.

Sur place, chacun s'installe, les filles d'un côté, les garçons de l'autre... Apparemment c'est la même chose dans la maison aux Cayes où chacun mange dans son coin et ne se cotoîe pas. En France c'est plutôt vers 12 – 13 ans que les garçons et les filles restent chacun dans leur « camp » sans trop oser montrer une attirance pour une personne du sexe opposé. Ici la moyenne grimpe à 20 ans. Certains ont amené des tentes pour mettre leurs sacs. Cela a réellement des airs de colonie de vacances car en plus de cela nous avons un paquet de bonbons géant et des céréales que l'on a ramené de l'orphelinat ainsi qu'un poste radio, des ballons de foot. J'ai aussi ramené un cerf-volant qui se trouvait dans mon bureau et que les enfants me réclamait depuis un certain temps. A peine ai-je posé le pied sur la plage que Tifrance me le réclame et c'est parti pour des heures d'amusement. Par moment, le cerf-volant est accroché à une branche et vole tranquillement dans les airs. Plus tard, quelqu'un réussit à le coincer dans un arbre. Je me charge d'y monter pour le décoincer et Lucile (que nous avons prise au passage à Port Morgan le matin) se charge de démêler la ficelle. Grâce à sa persévérance et sa patience, elle arrivera jusqu'à la moitié à peu près mais le sac de nœud aura raison d'elle et finira coupé... Mais vous aurez beau expliquer aux jeunes que vous ne voulez pas leur donner/prêter des choses de l'orphelinat parce qu'à chaque fois cela finit cassé bien trop rapidement, ils oseront toujours vous avouer que ce n'est pas vrai ou alors que cette fois-ci ils feront attention... :-) Mon oeil !!!

Arrive midi et ce sont bien sûr les filles qui naturellement se charge de la distribution de nourriture. Je pense que si on avait attendu cela de la part des garçons, nous n'aurions jamais mangé. Nous avons bien entendu le droit à du riz car sortie pour la journée ne veut pas dire repas amélioré, il ne faut pas trop en demander. Mais comme dimanche c'est Pâques, il semblerait que les vœux des 40 derniers midi passé ici vont s'exaucer et m'apporter autre chose que du riz...

Grand défenseur de l'environnement, je me crispe dès que je vois des gens qui jettent des papiers par terre. Vous pouvez aisément imaginer mes « combats intérieurs » quotidiens en vivant ici...

Pour le déjeuner, Sœur Flora nous a donné des barquettes en plastique blancs comme on peut vous en donner lorsque vous acheter un Kébab à emporter en France... Je ne sais pas par quel biais cela est arrivé à l'orphelinat mais ce devrait être interdit d'importer de telles choses dans un pays qui ne possèdent pas de ramassage des déchets... Les repas sont donc servit dans ces barquettes et finissent rapidement par terre une fois que le riz est au fond des estomacs... Dur pour moi de regarder ça sans rien faire. Je me dis donc que s'ils ne veulent pas les ramasser, rien ne m'en empêche... Une fois cette tâche terminée, je met le tout dans la gamelle de riz vide puis dans la bateau... Lorsque je vois certains des jeunes jeter les barquettes par dessus bord sans raison, c'est l'incompréhension totale. Le fossé est encore plus grand entre jeter des déchets par terre parce qu'il n'y a pas de poubelles et jeter des poubelles par dessus bord...

Quand on travaille dans le milieu de la solidarité, on voit couramment des projets imaginés par des blancs qui jugent nécessaire certaines « priorités » selon leur mode de vie. Mais cela reste de la théorie et en pratique, on constate régulièrement que les besoins des populations locales ne sont pas les mêmes que nos besoins d'occidentaux et ce pour des raisons principalement culturelles et de mode de vie. C'est pour cette raison qu'il est nécessaire d'analyser le contexte local et surtout de s'appuyer sur des gens qui vivent sur le territoire en question afin de dégager réellement les priorités inhérentes à cette population. Voilà pourquoi il existe des études dans ce secteur d'activité pour ne pas faire n'importe quoi. :-)

Depuis ce midi, j'ai envie de classer dans la catégorie « imaginé par des blancs et qui ne sert à rien sur place » les projets de ramassage et de tri des déchets... Quand on demande aux jeunes si ça ne les dérange pas de voir des déchets partout, ils répondent "on s'en fiche" avec un grand sourire.

En passant chercher Lucile à Port Morgan le matin, j'ai emprunté un masque et un tuba et je me fais un plaisir de contempler les fonds marins. Un vrai régal, j'arrive même à observer des poissons qui se déplacent nonchalamment à quelques centimètres de moi alors que je ne suis qu'à quelques mètres du bord. Ça donne envie de faire de la plongée avec plus de profondeur et des bouteilles d'oxygène.

Une journée à se baigner, à sauter dans l'eau, à porter des gens, à nager c'est bien fatiguant et ce soir, je pense que je ne vais pas faire long feu après le repas.

Malgré la crème solaire, j'ai encore réussi à attraper quelques coups de soleil dans le dos. Je vais songer à demander une prime de risque parce que ça ne plus continuer comme ça... :-)

Vers 20h, coupure générale d'électricité. La télévision est restée allumée toute la journée sans que personne la regarde, forcement ça consomme de l'énergie... Déjà on nous dit que ça consomme même en veille alors allumée forcement c'est la totale !!! Il faut écouter les gens qui vous disent de ne pas laisser vos appareils électriques en veille parce que si vous aviez une source d'énergie limitée, je suis sûr que vous feriez plus attention. Donc sans connexion internet ni électricité, cela devient vraiment dur de vous donner de mes nouvelles chaque soir.

Comme il fait noir dans l'orphelinat, les jeunes discutent dehors à la lueur de la lune et c'est sympa aussi.

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Commentaires
S
Ah Ti france n'a pas changé !!! ca fait des années qu'il adore le cerf volant ... génial cette balade à la mer, ils aiment vraiment ca.<br /> Bises
M
En réponse à :<br /> Depuis ce midi, j'ai envie de classer dans la catégorie « imaginé par des blancs et qui ne sert à rien sur place » les projets de ramassage et de tri des déchets...<br /> Je comprends ta déception, car non seulement il n'y a aucun ramassage mais il n'y a surtout aucune éducation. On n'explique pas aux enfants par exemple que le plastique rejeté à la mer tue les poissons. Il n'ont aucun exemple à suivre, les gens jètent ou brûlent, jètent à la mer en attendant qu'une grande marée emporte tout, personne ne leur parle de pollution ou d'environnement. Leurs aïeuls jetaient à tout vent des déchets organiques, donc qui se <br /> décomposaient, aujourd'hui c'est du plastique, du styro-mousse,des emballages, des couches etc. pendant mon séjour j'ai eu toutes les misères du monde à expliquer le principe du compostage des déchets organiques, on jète tout ensemble, les couches avec les pelures de fruits. D'ailleurs je ne sais pas ce qui advient des 2 bacs à compost...et pourtant ce n'est pas le crottin ni les déchets végétaux qui manquent !Mais quand on prend le temps, et quand il y a une petite récompense au bout cela peut fonctionner et faire boule de neige, c'est ainsi que nous avons pu, le groupe de Terres et îles d'espérance, faire nettoyer une partie de la plage de Grand Sable et faire installer des "poubelles" pour y mettre le plastique. Mais cela demande du suivi et de l'éducation. Tout commence par là, car il faut bien commencer quelque part !
M
allo Guillaume, je suis contente de savoir que le poulailler est commencé, donc que l'on a acheté les matériaux avec les sous que j'ai envoyé.<br /> J'ai hâte de voir le résultat final.<br /> Est-ce que les poules pondeuses de race "américaine" sont arrivées sur l'île ?<br /> Joyeuses Pâques !
D
Bonsoir Guillaume,<br /> Une étude en France signale que 47% des Français déclarent jeter des papiers et autres détritus au sol ou en mer !!!!!!! alors le respect de la nature par l'homme n'est pas innée.<br /> Je comprends ta rage mais......la route est longue !!!!!!!<br /> Bon courage,<br /> Amitiés<br /> Monique Lucien
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