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Un jour en Haïti
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29 mai 2011

Manque d'inspiration durant trois jours...

Veuillez m'excuser pour le retard pris dans l'envoi de mes articles mais je n'avais pas l'inspiration nécessaire ces derniers jours. Je viens de profiter d'une matinée calme, en l'occurrence ce matin pour coucher sur le papier, enfin plutôt l'ordinateur, ces quelques lignes.

Mercredi 25 mai 2011

L'association l'Île aux Enfants d'Haïti, qui participe entre autre au financement de l'orphelinat, a décidé d'élargir ces projets en contribuant au développement de moulins à maïs et à pistache ainsi que des silos pour entreposer les récoltes. Cela est partie d'une demande d'une association de l'Île à Vache, le COGEDI (COmité de Gestion De l'Île à Vache) ainsi que d'une volonté de l'association l'Île aux Enfants d'Haïti d'aider aussi la population de l'Île à Vache d'une façon plus large qu'au seul sein de l'orphelinat de Soeur Flora. Auparavant, les agriculteurs n'avaient pas d'endroits pour stocker leur récolte. Ils n'avaient donc pas d'autre choix que la vendre à la coopérative des Cayes le plus rapidement possible afin que le maïs ne pourrisse pas. Les gérants de la coopérative, conscient de cette impossibilité des agriculteurs à garder leur récolte leur proposait des prix bas tout en sachant qu'ils ne pourraient pas refuser. Le projet de l'association devait donc permettre aux agriculteurs de vendre leurs récoltes à un prix plus favorable puisqu'ils seraient en mesure de les stocker.

Les moulins ainsi que les silos sont donc gérés par le COGEDI. Le président de cette association étant temporairement aux USA, Magaly, Cécile et Yoann décident d'aller visiter un moulin afin de se rendre compte par eux même du résultat dans le but de faire un debriefing aux membres de l'association en France. Le reste de la troupe décide de suivre n'ayant pas d'autres occupations pour la journée. De plus, c'est intéressant de voir les autres projets qui se mettent en place à l'Île à Vache en dehors de l'orphelinat.

Nous partons donc tous à la queue leu leu en direction de Grande Plaine. Heureusement, nous sommes avec Nseau notre guide qui connaît l'emplacement des moulins.

Alors que nous traversons un champ de maïs, nous tombons sur une ancienne charrue. Cela m'a fait penser à celle que nous avons eu pendant bien longtemps dans le jardin de mes parents. Jusqu'au jour où mon père l'a donné pour un projet du CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) qui consistait à envoyer des charrues à des paysans africains afin de leur permettre de travailler. Haïti c'est un morceau d'Afrique (même s'il faut mieux éviter de faire cet amalgame si vous voulez vous faire des amis ici) donc on y retrouve des charrues.

DSC_0026

Lorsque nous arrivons au moulin en question, notre déception est de constater que la maison est fermée et que par conséquent, personne n'est présent pour nous montrer l'objet tant attendu. Heureusement, Nseau part à la recherche du propriétaire. Il ne le trouve pas mais revient avec le voisin qui nous montre le moulin. La maison n'est en fait fermée que par des parois en paille tressée qu'il suffit de déplacer. Il nous explique que celui-ci ne marche plus car il manque un boulon.

Les autres moulins sont trop éloignés pour que nous y allions dans la même journée. Nous continuons notre marche jusqu'à la mer au lieu dit les « Sables Blancs ». N'ayant pas de maillot de bain sur nous, ce sera improvisation vestimentaire. Heureusement, grâce au soleil, tout ça sèche très vite.

Le retour sera rapide car c'est la faim qui nous guide et non plus nos jambes...

L'après-midi, j'accompagne Manuel pour ma première chasse aux noix de coco. Évidemment, elles ne bougent pas mais il faut aller les chercher tout en haut de leur perchoir. C'est un exercice bien périlleux qui aura fait rire deux Haïtiens qui m'ont vu accomplir cet exploit. La montée est finalement plus facile que la descente. Il suffit de bien tendre les jambes et les bras et de grimper d'une démarche saccadée.

Alors que nous allons chez la grand-mère de Manuel ranger le moteur d'un bateau, nous rencontrons une personne en train de faire cuire des lambis. Ça ressemble a tout ce que l'on veut sauf à quelque chose de ragoutant mais je vous laisse juger par vous même en tapant lambi dans Google. Manuel m'explique que les Asiatiques en sont très friands et qu'ils viennent régulièrement en acheter pour l'exportation.

Une photo du coquillage ICI

Petite anecdote : à cause de la surpopulation des jeunes, les écoles servent deux fois : le matin pour les plus jeunes et l'après-midi pour les plus grands. De cette manière, on remplit les salles de classes de manière optimale. Les plus âgés peuvent donc faire la grasse matinée chaque jour avant d'aller en cours. :-) Tandis que les plus jeunes ont leurs après-midi pour jouer.

Rien de spécial à narrer pour la soirée, je m'arrêterais donc là pour la journée.

Jeudi 26 mai 2011

Magaly, Cécile et Yoann voulaient aller aux Cayes faire quelques courses, acheter leur billet de bus pour le samedi (pour Cécile et Yoann qui s'en vont) et faire un tour à Torbeck visiter une école.

Malheureusement pour eux, le père Hennot réquisitionne le bateau pour une raison tout à fait louable. Il emmène aux Cayes les salariés du centre anti choléra qui n'ont pas été payés depuis trois mois. Celui-ci fermant dans deux jours.

Tout le monde reste donc à l'orphelinat. Comme il n'y a rien à faire en perspective aujourd'hui, Geoffroy décide de partir faire le tour de l'île. Il emmène avec lui une paire de palme, un masque et un tuba ainsi qu'un fusil pour ramener le repas du soir.

Entre temps, un membre du COGEDI vient nous rencontrer. Il nous explique que Nestor, le président est toujours aux USA mais qu'un autre membre de l'association est à notre disposition pour faire le tour des autres moulins. Nous décidons du mardi suivant pour une visite guidée des moulins de l'Île à Vache.

N'ayant pas de travail, j'en profite pour continuer l'écriture de mon mémoire car, ne l'oublions pas, je suis en stage. Après une longue réflexion et une analyse de mes deux premiers mois, j'ai décidé de travailler sur la différence de perception entre la vision qu'on les donateurs et bénévoles œuvrant dans le domaine de la solidarité internationale lorsqu'ils font don de leur temps ou d'un bien matériel et ce qu'en pensent les bénéficiaires sur place.

Le soir, j'utilise mes compétences en matière d'arts du cirque pour distraire les enfants. Une petite démonstration de bolas enflammées qui ravit les petits comme les grands.

Vendredi 27 mai 2011

Aujourd'hui, nous avons un bateau pour faire la traversée. Alors que le bateau est prêt à partir et que tout le monde est à bord, d'autres personnes extérieures montent à nos côtés sans demander à quiconque l'autorisation. Ici la propriété privée on ne connait pas !

En bon capitaine, Manuel descend du bateau en précisant qu'il ne reviendra pas avant que les personnes non autorisées ne soient pas descendues.

Certaines obéissent, d'autres non. Ne voulant pas partir trop tard, nous sommes obligés de descendre nous mêmes leurs affaires ce qui oblige les propriétaires à faire de même.

Enfin nous voila partis. Malheureusement, un problème mécanique nous arrête quelques centaines de mètres plus loin. Doudou en profite pour nous rejoindre avec l'autre bateau accompagné de deux demoiselles qui montent à bord. La compréhension est parfois difficile ici.

Arrivée au Cayes, Yoann, Cécile, Magaly et Appoline partent avec Tiblanc à Torbeck visiter l'école de Miriam Sillien. C'est une Française mariée à un Haïtien qui a habité un temps à l'Île à Vache. En plus de visiter l'école, Magaly a des affaires à lui donner. Je reste avec Thierry et Manuel pour faire des courses pour l'orphelinat. Nous commençons par aller faire le plein des jerrycans d'essences. Je prend un jerrycan dans chaque bras et nous partons à moto. Heureusement qu'ils sont vides. Cela ne m'empêche pas en arrivant à la station service de perdre l'équilibre et de poser mon mollet sur le pot d'échappement. Une belle marque de « non bronzage » en perspective. La brûlure est superficielle mais ça pique quand même.

En France, lorsque j'ai passé le PSC1 (brevet premiers secours), j'ai appris qu'en cas de brûlure, il faut faire couler de l'eau durant 10 min sur la blessure. Une brûlure ça fait comme un œuf à la coque, ça continue de cuire même une fois sortie de l'eau. Le contact d'un liquide froid permet donc de refroidir la blessure et de faciliter la cicatrisation. Ici, tout le monde me dit que l'eau ça fait gonfler les brûlures et qu'il faut mettre de l'huile de moteur pour que ça cicatrice plus rapidement. N'ayant pas d'eau à porter de main, je tente l'huile de moteur. On verra bien ce que ça donne plus tard.

On continue notre journée par l'Alliance Française car j'ai un livre à y rendre. Le temps d'emprunt d'une semaine ne m'a pas suffit pour arriver au bout de l'ouvrage. Je redemande donc un sursis d'une semaine. Cela ne pose pas de problème car les clients ne sont pas légions ici comme le prouve la petite boîte en bois qui contient TOUS les emprunts de la bibliothèque.

Thierry en profite pour lire les nouvelles fraîches dans les journaux. Certaines infos commencent à être périmée car elles datent du début d'année.

Nous partons ensuite dans le magasin préféré de Thierry, la quincaillerie « Edouard Vante ». Il commence à y être connu car il y vient presque chaque semaine faire des achats. Aujourd'hui ce sera des raccords de douche pour la salle de bain des enfants handicapés, une pelle et une pioche ainsi que du grillage à poules pour les empêcher d'aller chaparder dans le potager.

Pendant ce temps, Manuel s'occupe de changer de l'argent pour Soeur Flora et faire les courses au supermarché.

Puis tout le monde se retrouve au restaurant la Cayenne où nous avons pris l'habitude de déjeuner lors de nos passages aux Cayes.

Après s'être repu, il faut à présent récupérer tous les achats à la quincaillerie et au supermarché. On passe à « Pas à pas » acheter des boîtes de craies pour l'école. Tous ces endroits présentent l'avantage de se trouver dans la même rue.

Comme dimanche c'est la fête des mères, nous (l'ensemble des volontaires) avons décidé d'offrir un cadeau à Sœur Flora. Tout le monde tombe d'accord sur une paire de sandales en cuir car celles qu'elle porte sont en plastique. Nous écumons les allées du marché à la recherche de la perle rare. Il faut s'arrêter à chaque marchand de chaussures pour regarder au milieu du tas si on ne trouve pas son bonheur. Magaly a eu la bonne idée d'essayer les sandales de Sœur Flora avant de partir. Elle fait la même taille et nous sert donc de modèle.

Enfin, on trouve une paire de sandale qui nous convient. Un essai de Magaly et un marchandage plus tard et nous repartons avec notre cadeau.

Sur le chemin du wharf, nous nous arrêtons pour manger une glace car le restaurant la Cayenne ne propose pas de desserts. Un vrai régal sous cette chaleur.

Le départ pour Madame Bernard est pour bientôt mais avant, il faut charger le bateau avec les provisions que nous avons acheté ainsi que celles de Mita (une des cuisinières qui vient une fois par semaine au marché des Cayes ravitailler l'orphelinat).

Une fois tout le monde à bord, nous partons vers l'Île à Vache. Sur place, nous laissons les passagers remonter les marchandises tandis que, prenant mon rôle de marin très à cœur, je vais aider Manuel à nettoyer et mettre le bateau au mouillage. Si je ne trouve pas de travail dans le milieu de l'humanitaire, je pourrais toujours me reconvertir en mousse !

Une journée aux Cayes c'est toujours fatiguant car on marche toute une partie de la journée en plein soleil. Cependant, une fois arrivé au wharf de Madame Bernard, il faut encore trouver un peu de force pour gravir la pente qui mène à l'orphelinat. Allez encore un petit effort et ensuite il ne reste plus qu'à remplir son bokit d'eau pour profiter d'une bonne douche... bien méritée.

Geoffroy qui était retourné pêcher pour la deuxième journée consécutive rentre penaud cette fois-ci car ayant décidé de visiter l'autre partie de l'île, il n'est tombé que sur des endroits sans fonds.

Le repas est animé de discussions diverses et variées. Demain, Yoann et Cécile nous quittent pour retourner en France. Nous décidons d'aller tous boire un verre ensemble au bar dansant.

Chacun s'essaie au compa et quelques Français ne peuvent s'empêcher de tenter un rock au milieu des couples enlacés. Pas facile car la pièce est petite mais amusant de voir la tête des autres danseurs. Il y a en un qui vient me voir et me dit en rigolant qu'il va appeler la police parce que l'on danse trop vite ! :-)

Soirée de départ au final fort sympathique, vivement la prochaine !

Quelques photos ICI

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