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Un jour en Haïti
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9 mai 2011

En mai fait ce qu'il te plait...

Sauf à l'Île à Vache quand il n'y a pas de soleil donc pas d'électricité ce qui est le cas depuis jeudi. Je profite des quelques rayons de soleil que nous avons eu aujourd'hui pour vous donner de mes nouvelles et vous rassurer sur mon sort :-)

Jeudi 5 mai

Le problème (si ça en est un) de dormir sur son lieu de travail, c'est que les gens pensent que l'on est disponible 24h/7j. Si bien qu'hier soir, quelqu'un m'a demandé de lui faire des photocopies vers 20h. Repasser demain et on verra que je lui ai répondu...

Et ce matin, dès 7h30, j'étais sur le pied de guerre comme on dit. Avant même d'avoir eu le temps de prendre mon petit déjeuner, quelqu'un vient me voir pour me dire que Soeur Flora veut me parler. Elle aimerait que quelqu'un soit dans le bureau à partir de 8h pour recevoir les derniers retardataires dans le paiement des frais de scolarité car demain, on vire... Effectivement, les enfants ont bien reçu le mot et viennent régler durant toute la matinée.

Vers 9h30, je quitte mon poste et laisse Danise (la comptable de l'orphelinat) prendre la relève tandis que je vais aider Thierry. Nous prenons des mesures pour l'élaboration d'un plan en vue de la création d'une dalle de béton pour coucher les enfants handicapés durant la journée (en mettant des matelas dessus), d'un chemin pour aller à la pompe ainsi que d'une aire de jeux pour les enfants. Une fondation en France aimerait aider l'orphelinat et a besoin d'un devis afin de voir si elle peut supporter le coût des travaux.

L'après-midi, je pars avec Thierry visiter l'école protestante qui se trouve un peu plus haut en allant vers Citadelle. Celle-ci est aussi en partie détruite et des ouvriers sont en train de creuser les fondations pour la reconstruire (probablement suite au séisme comme pour l'école Saint-François). Nous continuons en grimpant jusqu'à Citadelle car Thierry ne connaît pas encore. La vue est dégagée et nous décidons d'escalader l'autre colline (sur laquelle je ne suis encore jamais allé et qui offre une vue encore plus panoramique). Pour cela, il faut bien entendu descendre puis remonter. Nous observons au passage les dégâts causés par la déforestation et les glissements de terrain que cela entraîne. A mi-pente, des vaches sont attachées et broutent tranquillement. Elles n'ont pas grand chose sur les os et il semble difficile de faire un festin avec.

Nous croisons deux Haïtiens qui nous demandent où l'on va, on leur répond que l'on ne sait pas vraiment, que nous marchons sans but. Cela semble les laisser sceptiques.

Arriver en haut du morne, on distingue vraiment toute l'île et ses paysages verdoyants. On n'entend d'autres bruits que ceux de la nature et on observe d'autres choses que des champs et quelques habitations ici et là. Spectacle très reposant qui nous fait nous asseoir durant quelques minutes. Nous pouvons ainsi contempler au loin les trois ilets dont j'ai précédemment parlé (Pelantin, Caillel'eau et Ilet Tabouet). Nous revenons par un autre chemin qui nous fait nous perdre au milieu d'habitations et provoquer l'étonnement des habitants de voir ainsi débarquer deux blancs au milieu des champs de bananiers.

Je n'ai aucune idée de l'endroit où nous nous trouvons jusqu'à ce que nous tombions sur le chantier du lycée juste au dessus de l'orphelinat. Je me demande pourquoi les jeunes vont aux Cayes alors qu'il y a un lycée juste à côté de l'orphelinat. Je me promet d'en discuter avec Soeur Flora durant le repas. Nous arrivons au moment de la sortie des classes (les travaux ne sont qu'un agrandissement au lycée) et nous nous faisons accompagner par toute un groupe de jeunes en uniforme. Comme dans toute bonne randonné, la pluie attend que l'on soit au sec pour tomber. Cette fois-ci ne fera pas défaut à la règle... Alors que nous franchissons les portes de l'orphelinat, nous sentons les premières gouttes tomber. L'ouverture de ma porte provoque la suite du déluge et je passerais les deux prochaines heures enfermé dans ma chambre la porte fermée car des gouttes impétueuses tentent de rentrer chez moi.

Frère Thierry me racontait qu'il y avait 32 églises protestantes pour 1 église catholique sur l'Île à Vache (il a rendu visite au Père durant deux heures le matin même).

La pluie annonce le retour des moustiques et autres insectes nuisibles alors sortez tous vos produits anti-moustiques.

Voilà maintenant quatre jours que la lampe UV ne fonctionne plus. Nous buvons donc de l'eau filtrée mais avec d'éventuelles bactéries. Ce délai de quatre jours me permet de vous annoncer que nos anticorps sont efficaces (ou les bactéries non présentes) car nous n'avons aucunes maladies à déplorer. Demain, l'ONG Hope for the Poor vient réparer le système et amener une nouvelle lampe.

L'origine de ce dysfonctionnement est un mauvais fonctionnement de la machine qui nous a fait démonter les filtres, poser la lampe UV dans un seau pour éviter qu'elle ne tombe. Un enfant passant par là s'est dit que ça ferait un jeu amusant et est allé la casser dehors... Merci beaucoup !!!

Pendant le repas, j'ai la réponse à ma question concernant le lycée. Celui-ci est public et parfois, les élèves n'ont pas cours durant toute une semaine car les professeurs ne viennent pas. Le niveau est assez bas et Soeur Flora préfère mettre ses « enfants » dans des écoles privées aux Cayes. Le matin c'est cursus traditionnel et l'après-midi c'est cursus professionnel où chacun peut apprendre un métier.

Elle nous raconte aussi une histoire assez amusante sur... la mort... Bizarre me direz vous ? Je vous laisse juger par vous même. Il était une fois, alors que Soeur Flora rend visite à une femme accompagnée d'une amie de passage, elle lui dit en créole « est ce que votre mari est mort et enterré ? » L'ami ne comprenant pas le créole pense avoir mal compris car c'est difficile d'imaginer quelqu'un mort mais pas enterré. L'explication est simple. En Haïti, si un mari est mort mais pas enterré, cela signifie qu'il est parti (donc mort dans l'esprit de sa femme) mais pas mort (en théorie). Un mari mort et enterré est donc un mari mort réellement.

Une autre anecdote avec un accouchement. Une femme enceinte vient voir Soeur Flora pour accoucher. Une fois le miracle de la vie accompli, Soeur Flora s'étonne en créole que le bébé soit tout nu. La personne de passage à côté qui ne comprend pas le créole s'étonne à son tour qu'un bébé puisse naître autrement que tout nu. En fait Soeur Flora voulait dire tout nu dans le sens que la maman n'avait pas prévu de lange pour mettre son nouveau né.

Vendredi 6 mai

Depuis la veille 20h, nous vivons dans le noir complet suite à une coupure d'électricité. Cela est amené à perdurer puisque nous nous réveillons sous des trombes d'eau. Vers 8h, cela se calme pour laisser la place à une pluie moins forte mais qui dure... Il faut néanmoins aller chercher 5 blancs aux Cayes : 4 qui arrivent de France et un Irlandais qui travaille à Port au Prince. Les 4 Français viennent aider à l'orphelinat pendant 1 mois (Cécile et Yohann), 3 mois (Magaly) et 6 mois (Monique). Je ne risque donc pas de m'ennuyer avec tout ce monde. L'Irlandais s'appelle Damien et travaille pour l'ONG Soul of Haïti et vient chaque semaine nous rendre visite (mais il me semble que j'en ai déjà parlé la semaine passée lors de sa précédente venue. Il y a aussi 2 Haïtiens qui viennent réparer la pompe.

Je passe une partie de la journée à attendre aux Cayes avec les Français car le capitaine est reparti avec Damien tandis que j'attendais mes compatriotes à l'arrêt de bus. Le bateau reviendrait vers 16h avec Damien qui a fini sa visite de l'orphelinat. L'attente est surtout dur pour les 4 voyageurs qui ont encore le décalage horaire dans la tête. Les techniciens d'Hope for Haïti sont en fait juste venu constater le non fonctionnement de la pompe et doivent maintenant commander la pièce manquante en vue de réparer prochainement...

Je décide de rester aux Cayes parce que de toute façon c'est le WE et qu'il n'y a pas d'électricité à l'orphelinat.

Alors que je met mon portable en charge à la maison des garçons, je constate qu'il n'y a plus de courant. On m'explique que le réseau est coupé chaque nuit entre 3h et 7h du matin et chaque journée entre 15h et 19h. Tant pis, il me faudra attendre. Pas facile de conserver des aliments au frais dans ces conditions. Durant ces heures sans énergie, il est facile de repérer les quelques foyers un peu plus riches grâce à la lumière qui éclaire les pièces signe que les habitants disposent d'un groupe électrogène.

La spécialité locale en matière de ballon de baudruche c'est le préservatif. Les hôpitaux en donnent gratuitement aux jeunes et moins jeunes mais les enfants eux aussi veulent s'amuser (à leur manière) d'où ces moyens de contraceptions ludiques.

La première fois que l'on croise un petit avec une « capote volante », ça surprend, ensuite on s'y fait.

Samedi 7 mai

Deuxième réveil sous une pluie qui dure et qui ne semble pas décider à laisser revenir le soleil. Au petit-déjeuner, j'ai l'occasion de goûter du thé amer (vraiment amer) et qui laisse un arrière goût fort désagréable sur mes papilles gustatives.

Le bateau de l'orphelinat doit emmener des touristes à Port Morgan et donc dans le même temps, nous ramener à bon port. Le départ est prévu vers midi et nous passons la matinée dans la maison des filles. Celle des garçons répond bien au cliché en vigueur à savoir que les « mecs » ne font pas le ménage. Par conséquent il est bien plus agréable de reste dans l'autre maison qui est de surcroit plus grande.

Alors que je discute devant le maison, une forte odeur vient me piquer les yeux. Tout le monde sort dehors dans le même temps. La cuisinière est en train de cuire des piments et même comme ça c'est déjà fort.

Une astuce si vous n'a vez pas d'adaptateur pour les prises local, utiliser un chargeur de portable haïtien que vous introduisez de moitié dans le mur de façon à ce que vous puissiez coincer le chargeur français afin que le courant puisse passer... Je ne sais pas si vous avez tout compris donc la prochaine fois que je vois ça, je prend une photo.

Le retour en bateau jusqu'à l'orphelinat se fait sous un ciel un peu nuageux mais sans pluie ce qui est bien agréable. Alors que je retrouve Thierry, celui-ci me tient informé des dernières nouveautés de la maison ainsi que de ce qu'il a fait la veille.

Le soir, les batteries sont totalement à plat et nous sortons les lampes à pétrole pour faire un peu de lumière de ci de là.

Les « nouveaux blancs » veulent goûter à la bière local et nous partons au bar voisin avec lampe tempête et chien.

Dimanche 8 mai

Nous nous réveillons une nouvelle fois sous un ciel gris et nuageux. Cependant, on peut espérer une éclaircie puisque la pluie n'est plus de la partie. Pour l'instant, le soleil est toujours le grand absent et avec lui l'électricité. Cela m'a obligé ces derniers jours à écrire à la main pour ensuite le retranscrire sur ordinateur.

Tandis que chacun vague à ces occupations en ce dimanche matin, nous décidons, Manuel et moi d'expérimenter la machine à laver. Après avoir rempli les deux tambours de linge, d'eau et de lessive, nous fermons le tout et prenons place sur les sièges. Il ne reste plus qu'à utiliser de « l'huile de genou ».

Au début c'est amusant mais rapidement on se lasse. Surtout lorsque l'on ressort le linge et que l'on constate qu'il sent tout juste bon et que les tâches sont toujours là.

Au final, un bilan très mitigé avec une consommation pour un résultat moyen. Le problème, c'est que le tambour ne tourne pas assez vite et le linge n'est pas assez brassé. On comprend mieux pourquoi les dames ne s'en servent pas. Mais on aura au moins eu le mérite d'essayer.

La deuxième tourné de linge de la journée se fera à la main avec une superbe démonstration par Manuel et Eminem (surnom). Le résultat est bien mieux et il ne reste plus qu'à attendre que le soleil revienne. Une chose surprenante ici c'est de constater que malgré les ressources limitées en eau et en électricité, les habitants de l'orphelinat n'aient pas la conscience de couper l'eau lorsqu'ils se savonnent ou d'éteindre les lumières quand ils quittent une pièce. Chacun vit au jour le jour sans vraiment penser au lendemain.  

Après-midi tranquille à regarder un film, jouer avec les enfants et vaguer à mes occupations. Espérons que le soleil sera de retour demain pour commencer une nouvelle semaine de news quotidienne. Croisons les doigts...

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Commentaires
M
Au fait... tu vagues à tes occupations (ce qui pourrait se comprendre sur une île!) ou tu vaques.. (ce qui serait plus digne d'un volontaire en Haïti!)?<br /> Merci pour ces nouvelles!<br /> Annonce perso: échangerais pluie haïtienne contre soleil français! Ici il fait TROP sec et chez toi t'aurait de l'électricité pour nous écrire!
S
ah on commencait a s"inquiéter !!!!
Un jour en Haïti
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