Clinique mobile

Aujourd'hui est un grand jour, surtout pour Claire... Elle va enfin pouvoir faire ce pour quoi elle est venue ici : la clinique mobile. Cela consiste à aller rendre visite aux habitants des ilets avec un médecin et des médicaments afin de leur apporter des soins... Quoi de mieux pour fêter sa première année en tant qu'infirmière !!! Nous partons donc à 6 : un médecin français cardiologue à Caen, une infirmière (Claire), un infirmier (Bel-Air), un capitaine (Jean), un traducteur/interprète (Marco) et un photographe et mousse (moi-même). Le rôle de second dans un bateau consiste à s'assoir à l'avant et à scruter l'horizon à la recherche de bouteilles d'eau qui flottent... Ces bouteilles d'eau marquent la présence de filets ou de nasses à poissons et il faut donc éviter que le moteur ne se prenne dedans. Pour cela, la meilleure solution est de ne pas passer dessus... La personne à l'avant doit donc lever son bras gauche ou droit pour signaler au capitaine à l'arrière de virer de bord...

Lorsque nous posons le pied sur l'Ilet Tabouet, je constate rapidement que les tentes présentent lors de notre passage du samedi ne sont plus là... Il est donc plus facile de circuler entre les habitations mêmes si la concentration humaine y reste élevée... Nous installons rapidement tables, médicaments et chaises dans un coin à l'ombre. Avec Marco, nous nous chargeons de prendre les « RDV » en marquant le nom, prénom, âge et un numéro pour les appeler sur un calepin... A croire que chacun est malade ici car tout le monde vient nous voir pour avoir son petit papier... J'ai beaucoup de mal à comprendre certains noms et je marque ce que j'entends... Je me dis que de toute façon, si Claire prononce le nom comme j'ai écrit (donc comme je l'ai entendu), la personne devrait se reconnaître... Tout le monde parle en même temps et j'essaie « d'attraper » un nom à la volée... La dernière personne à s'inscrire porte le numéro 134 et je n'ai pas l'impression que l'ilet compte beaucoup plus de personnes... Maintenant c'est au médecin et à Claire de travailler... La journée promet d'être longue au vue du nombre de consultations... Nous partons faire le tour de l'ilet avec Marco et tombons sur des jeunes en train de jouer aux dominos... C'est un sport national ici et chacun abat son domino avec un grand coup sec sur la table...

Le temps passe bien lentement quand on ne fait rien et j'en profite pour aller bronzer allonger sur un banc du bateau après m'être bien sûr badigeonner de crème solaire... Une heure au soleil c'est long même quand on discute... Nous retournons faire un tour dans les ruelles et je me fais accoster par une charmante demoiselle... Sympa d'être blanc, pourquoi ça ne marche pas pareil en France ??? :-)

Comme elle ne parle pas beaucoup français, je suis obligé de parler créole ce qui m'arrange bien vu que je veux progresser... Rapidement, d'autres personnes viennent se joindre à nous (une fois que quelqu'un à réussit à parler au blanc, on peut l'aborder sans crainte) Après les traditionnelles questions « Est ce que tu es marié ? », « Est ce que tu as des enfants ? », « Est ce que tu as une copine ? », la discussion tourne autour de la visite du médecin... Certains m'expliquent qu'ils ont mal à tel ou tel endroit mais ils n'arrivent pas à comprendre que je ne suis pas médecin et que donc je ne peux leur être d'une grande aide...

Quelques photos de la foule plus tard, nous allons manger... du riz. Avec la chaleur, je n'ai vraiment pas faim et je m'arrête après deux bouchés... Je descend le reste de la marmite du bateau pour aller le distribuer aux villageois... Forcement ça fait des heureux mais aussi des envieux parce qu'il n'y en a pas pour tout le monde...

L'après-midi, on se pose avec Marco à l'ombre d'un arbre pendant que Claire et le médecin retournent travailler... Vers 16h, je n'en peux plus de rester assis et je propose à Marco d'aller se baigner... N'ayant pas emporter mon maillot de bain (ce qui prouve que j'étais partie avec la ferme intention de travailler dur toute la journée, que ce soit clair :-) ), ce sera trempette en short... On fait rapidement le tour de l'ilet à la nage, les récifs nous empêchant de poser le pied au sol...

Nous repartons vers 17h30 pour Madame Bernard...  

J'ai encore du mal à me réhabituer au calme qui règne dans l'orphelinat. Les jeunes ne sont restés qu'une semaine mais c'était comme un véritable ouragan voire une explosion atomique...