Une nouvelle journée bien religieuse
Une nouvelle coupure de courant hier soir me contraint à poster ce matin en me levant...
Hier matin, je retourne au marché afin d'acheter une tente pour ce WE. En effet, nous avons projeté d'aller à un festival à Récif, un lieu qui se situe à l'extrême Est de l'Île à Vache. On y trouve de la musique, de la danse et plus si affinités... Apparemment c'est un festival très connu et on y côtoie beaucoup d'étrangers ainsi que des Haïtiens venant des quatre coins du pays.
En raison de cet événement, il y a une effervescence inhabituelle au marché car les gens veulent tous acheter ce qu'il faut pour le festival. L'achat principal est la tente. Pour 250 gourdes (5 euros), on peut acheter une tente 2 places qui prend très peu de place bien pliée. Sur le sac de tente, il est marqué 10 £ soit environ 12 euros. En fait, ces tentes furent envoyées par des ONG après le séisme et maintenant, un an après, on les retrouve sur les marchés locaux en vente...
Je suis accompagné de Marco qui me fait découvrir le marché à bestiaux un peu à l'écart du marché principal. Pour cela, il faut traverser tout Madame Bernard et Marco me fait remarquer que tout le monde le regarde et fait des réflexions car il est avec « le blanc »... Pour ma part, je ne fais même pas attention à ça, attentif à tout ce qui se passe et se vend autour de moi.
Il m'explique au passage les rituels de salutation ici. C'est la personne qui se déplace qui salue en premier la personne qui est assise. Lorsque les deux protagonistes sont en mouvement, c'est soit la personne la plus intéressée (un garçon qui veut courtiser une fille), soit le plus jeune qui salue en premier...
En revenant à l'orphelinat, j'aide Jamesly à perfectionner sa pratique de l'informatique. Ce n'est pas facile pour lui mais c'est un élève sérieux et assidu et je suis sûr qu'il va y arriver. Pendant ce temps, des jeunes jouent au Freesby avec un couvercle de boîte de lait en poudre dans l'orphelinat. Ça marche très bien et ça c'est du recyclage. :-)
Des ingénieurs viennent d'arriver en bateau. Ils sont là pour inspecter l'école avant de lancer les travaux de construction et reconstruction. Trois classes seront détruites et six autres construites. Le début des travaux est programmé pour lundi prochain. D'ici là, il faut trouver un endroit pour loger la quinzaine d'ouvriers qui va arriver et déplacer plusieurs classes dans l'orphelinat afin que les élèves puissent continuer à suivre les cours pendant la durée des travaux. Sœur Flora veut essayer de réquisitionner la tente Unicef qui sert au centre choléra pour loger les ouvriers. Après cela, je m'attelle à la distribution des salaires.
Je calcule la somme de tout les salaires afin que Sœur Flora aille récupérer ce qu'il faut dans le coffre fort. Je me retrouve donc avec l'équivalent de 3665 euros en poche (enfin dans une enveloppe)... Deux salariés viennent réclamer leur dû puis rapidement, le mot est donné et il y a une petite file d'attente devant mon bureau. La tâche n'est pas bien compliquée puisqu'il me suffit de trouver la fiche de salaire de la personne, de sortir la somme correspondante de l'enveloppe puis de la faire signer... Ce qui est plus étonnant, c'est que certaines personnes que l'on voit travailler ici chaque jour n'ont pas de fiche tandis que certaines fiches correspondent à des personnes dont je n'aurais jamais imaginé qu'elles travaillent ici (ou alors je devais être absent à chaque fois qu'elles étaient présentes).
Je n'ai pas assez d'argent pour payer tout le monde et c'est donc premier arrivé, premier servit. Pour les autres, il faudra attendre mardi prochain que Sœur Flora envoi quelqu'un chercher l'argent à la banque. Pendant que je distribuait les salaires, je me faisais la réflexion d'un certain paradoxe. Je suis constamment sollicité en tant que "banque" alors qu'a la fin du mois, tout le monde reçoit un salaire sauf moi. Ce serait donc plus juste et plus logique que ce soit moins (le pauvre petit blanc) qui leur réclame de l'argent...
Ce soir, c'est la messe du dernier repas de Jésus. Cette fois-ci, elle se déroule à Madame Bernard. L'église est loin d'être remplie mais lorsque l'assemblée chante, on ne s'en aperçoit pas. Ils ont un piano et des percussions pour les accompagner. Ajoutez à cela une moyenne d'âge nettement plus basse qu'en France et vous avez la recette miracle pour donner envie aux gens d'aller à la messe.
Là où le bât blesse, c'est quand après un heure de messe lorsque vous pensez rentrer tranquillement vous coucher, le prêtre fait déplacer toute l'assemblée devant un autre autel pour continuer par des lectures et des prières... L'attention générale baisse rapidement et de nombreuses personnes piquent du nez. Une heure plus tard, ce n'est toujours pas finit et je me décide à rentrer. La messe c'est fatiguant aussi... :-)
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)